Michaële Andréa SCHATT
Oser rose
J-P Gavard-Perret, novembre 2008
Je ne sais si Michaële-Andréa Schatt voit depuis quelque temps la vie en rose? Toujours est-il que le rose s'est imposé à elle comme une gageure. Dans un premier temps l'artiste cartographie, dessine d'après nature d'un trait fluide afin de capter la splendeur de l'amorphe. A l'atelier, ensuite, elle peint, c'est à dire qu'elle articule traits et taches, pans roses et attaches jusqu'à trouver une combinatoire qui fait d'éléments disparates une unité. Surgissent de ses toiles (le rose délicat n'y est sans doute pas pour rien loin de là) une délicatesse et une fragilité. L'obscurité et l'ombre qui fascinent l'artiste prennent avec le rose, le rose dedans, une nouvelle inflexion. Le poids se dissipe au profit d'une sorte de légèreté : celle de l'être peut-être qui devient ici une sorte de tissu printanier et primesautier. Néanmoins cette peinture reste grave : Michaële-Andréa Schatt crée d'étranges plastrons pour un corps en absence et sur lequel (paradoxe du paradoxe) le rose fait tache. On est ici au sein d'une recherche capitale : l'artiste y explore l'espace et le "fond" du tableau, elle joue de la précision mais aussi du flux dans un raffinement brutal mais calculé. Nous avons affaire avec 'Paysages en ose" (en référence à Duchamp) à une exposition des plus rares où les toiles ont la capacité de retenir une douceur lasse, un murmure, une accalmie et une trêve au sein même de ce que le mouvement de peindre engage.